De l'importance de l'hébergement...
Cinquième partie: Les accords de peering et de transit
Simples à définir mais complexes d'un point de vue stratégique, ces accords sont cruciaux pour un hébergeur.
Lors du choix d'un hébergeur, vous vous êtes
peut-être déjà demandé ce que les termes
"accords de peering et / ou de transit"
signifiaient. On retrouve en effet souvent cette expression mise
en avant dans les argumentaires des hébergeurs.
Ces termes soulignent en fait combien il est important de ne pas
être isolé sur le réseaux des réseaux
mais au contraire à la recherche "d'alliances",
commerciales ou non, afin de satisfaire au mieux les besoins de
ses clients, toujours plus avides de performances.
Accords de peering, accords de transit
: un besoin
Pour mieux comprendre ce qui va suivre, tentons une
définition pour chacun de ces termes :
Afin d'illustrer ces définitions, prenons le
cas de "A", client chez le fournisseur d'accès
"FA", et "B", client chez le fournisseur d'accès
"FB".
- Les accords de peering sont conclus entre
deux fournisseurs d'accès, ici "FA" et "FB",
afin d'échanger entre eux de manière privilégiée
le trafic leur étant destiné. Ces deux fournisseurs
d'accès possèdent leur réseau IP mais ont besoin
de signer des accords avec d'autres fournisseurs d'accès
ou opérateurs afin d'interconnecter leurs clients.
En d'autres termes, si les réseaux IP de "FA" et
"FB" sont distincts, des accords de peering (ou de transit)
constituent un moyen pour leurs clients, "A" et "B",
d'être reliés.
Les accords de peering sont normalement non commerciaux,
chaque fournisseur d'accès prenant en charge le trafic qui
lui est adressé. Il est interdit de passer par un accord
de peering pour atteindre un troisième opérateur.
Seuls les paquets issus du premier opérateur à destination
du second opérateur peuvent s'échanger dans le cadre
de cet accord. En cela, le peering exclut le transit.
- Un accord de transit est nécessaire
pour un FAI lorsque celui-ci ne peut établir de liens de
peering avec un autre opérateur ou FAI, alors que cela serait
souhaitable, nous évoquerons plus tard les causes susceptibles
d'empêcher un accord de peering.
Le FAI demandeur doit alors passer par un accord de type commercial
avec le FAI ou l'opérateur qui détient le réseau
convoité. Une fois l'accord de transit obtenu, le FAI demandeur
permet à ses clients d'accéder à un réseau
plus vaste, puisque possédant désormais l'autorisation
d'y envoyer du trafic. Les accords de transit sont souvent employés
pour accéder à l'international.
Alors que l'accord de peering est un lien direct entre
deux opérateurs, l'accord de transit constitue parfois un
noeud supplémentaire (mais parfois indispensable) pour joindre
un autre opérateur / fournisseur.
D'un point de vue plus concret, reprenons notre exemple
avec les fournisseurs "FA" et "FB". Admettons
que "FA" ne puisse pas effectuer un accord de peering
avec le fournisseur d'accès "FC", il va passer
par un accord de transit car il a absolument besoin de passer par
le réseau de "FC" (hypothèse). Admettons
en plus qu'il n'existe pas de lien direct entre "FA" et
"FC" mais uniquement entre "FB" et "FC",
cela rajoute une étape entre vous et le site que vous désirez
joindre.
Ce phénomène est parfois visible via
la commande traceroute. Celle-ci permet de visualiser le
chemin entre vous ("tracert" + www.nomdusite.extension
dans une fenêtre DOS) ou un serveur quelconque et le site
de votre choix. Les résultats obtenus varient selon le réseau
sur lequel est disposé le serveur où vous effectuez
votre test.
Voici par exemple un traceroute
effectué à partir du réseau OVH
:
(Il en existe d'autres recensés sur le site traceroute.org).
traceroute to www.journaldunet.com (193.149.96.75),
30 hops max, 38 byte packets
1 33.hebus.paris11-out-1000mbs.routers.ovh.net (213.186.33.254)
0.832 ms 0.848 ms 0.589 ms
2 blackd.th1-1-in-1000mbs.routers.ovh.net (213.186.32.242) 2.690
ms 1.228 ms 1.690 ms
3 fluxus.FreeIX.net (213.228.3.240) 1.107 ms 1.116 ms 1.158 ms
4 212.121.178.1 (212.121.178.1) 1.486 ms 1.414 ms 1.242 ms
5 212.121.178.21 (212.121.178.21) 3.144 ms 2.500 ms 2.442 ms
6 c-rh1-e1.francenet.net (212.121.160.131) 2.634 ms 2.658 ms 2.818
ms
7 newemma.francenet.fr (212.121.160.18) 2.784 ms * 3.565 ms
8 oximore.francenet.fr (193.149.96.6) 3.352 ms * 3.691 ms
Si certaines sociétés cumulent les activités
d'hébergeurs et de fournisseurs d'accès, ça
n'est pas le cas de la plupart des hébergeurs.
Ces derniers doivent s'assurer qu'ils sont accessibles dans les
meilleures conditions par le plus grand nombre de fournisseurs d'accès.
Ainsi, un peering avec un fournisseur d'accès tel que Wanadoo
(ou tout autre FAI important) s'avère crucial vu le nombre
de ses abonnés... Un bon peering (il peut se mesurer en "Mbs"
par exemple) avec ce FAI permet en effet de relier ses machines
à un nombre important de clients de manière privilégiée
et de bénéficier ainsi de temps d'accès favorables.
Les POP : Point Of Presence
Comment en pratique sont effectués ces accords
de peering ?
Ils sont effectués grâce au protocole BGP4. Ce dernier
fait le lien entre deux routeurs présents sur un même
point d'interconnexion.
Ces POP permettent de faciliter les échanges entre les différents
réseaux des fournisseurs d'accès / opérateurs.
Ce sont dans ces salles machines, privées ou publiques que
s'interconnectent les matériels des opérateurs.
Reprenons une partie du log issu de notre "traceroute"
de tout à l'heure :
3 fluxus.FreeIX.net (213.228.3.240) 1.107 ms
1.116 ms 1.158 ms
"FreeIX"
est un point d'échange de trafic géré par le
groupe Proxad
qui permet gratuitement à chaque opérateur de se raccorder
aux autres. FreeIX est physiquement situé chez telehouse1
.Parmi les clients de telehouse, opérateurs télécoms
ou fournisseurs d'accès, on trouve également des hébergeurs
qui souhaitent bénéficier d'une connectivité
maximale vers ces FAI.
La liste des membres de FreeIX est disponible
en ligne.
D'autres très nombreux points d'interconnexion, nationaux
ou pas sont ici
listés.
Parmi les raisons pour lesquelles certains FAI ne
peuvent effectuer des accords de peering avec d'autres opérateurs
/ FAI, la taille des protagonistes en est une.
En effet, dans ce type d'accord, chaque FAI prend à sa charge
le trafic qu'on lui amène. Or, si l'un des deux FAI est manifestement
plus gros que l'autre, le plus petit tire forcément davantage
partie de la situation. Si l'on rajoute à cela la concurrence
que se livrent les FAI, on comprend que les plus gros préfèrent
passer par des liens commerciaux, les accords de transit.
Il peut aussi arriver que deux FAI, importants et de même
taille, refusent de passer par des accords de peering pour l'unique
raison qu'ils sont concurrents. Ce sont dans ces cas là les
abonnés qui sont susceptibles de payer les pots cassés,
en empruntant des chemins plus longs.
Si les accords de peering et leur problématique
vous intéressent, nous vous conseillons la lecture de cette
étude très intéressante issue de l'ENST de
Bretagne (format PDF) : "Les
accords d'interconnexion sur Internet : enjeux économiques
et perspectives réglementaires", le peering et les
problèmes qui en découlent sont largement évoqués.
[Arnaud
Gadal 29
janvier 2002 , JDNet]
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