10/03/2001
W3C : Le "filon"
des brevets internet ?
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Chargé de définir des standards, des protocoles communs, émetteur de recommandations, le W3C peine à régler le problème des brevets sur Internet. |
Le W3C a été
créé en octobre 1994 afin de permettre à Internet
de se développer autour de protocoles communs. Cela sous-entend
en particulier la rédaction de spécifications précises
autour des technologies afin que les acteurs du secteur puissent
les comprendre et les implémenter de la même façon.
Face à la recrudescence des brevets relatifs aux technologies
Internet, la position du W3C à cet égard était
attendue: depuis le 16 Août dernier, un choix a été
fait. Etait-ce le bon ? La question se pose aujourd'hui au vu des
vives réactions qu'il suscite.
La licence RAND
Le W3C reconnaît d'ailleurs avoir subi des pressions de la
part de certains de ses membres. Ces derniers, souvent issus de
grandes entreprises, aimeraient, semble t-il, pouvoir tirer profit
de leurs technologies utilisées sur le web.
La proposition du W3C repose sur la licence RAND (Reasonable And
Non-Discriminatory soit "raisonnable et non-discriminatoire"),
sous laquelle les entreprises peuvent déposer leurs techniques.
Le premier problème se situe au niveau de la "non discrimination":
si l'entreprise décide de faire payer pour l'utilisation
de sa technique, tous les utilisateurs de celle-ci devront payer,
sans exception, y compris donc les entreprises à but non
commercial.
Second problème, également de taille, toute la communauté
opensource est menacée par cette "bombe à retardement".
Une entreprise peut en effet mettre à disposition de tous,
gratuitement, une technologie, afin par exemple de l'ériger
en standard et par la suite exercer son droit de faire payer pour
celle-ci. Que se passera t-il alors pour tous ces développeurs
qui ont utilisé cette technologie au sein de leur projet
opensource ?
Auparavant l'adoption d'une technologie recommandée par le
W3C était synonyme de partage, et de gratuit. Aujourd'hui,
les développeurs du monde du logiciel libre risquent de ne
plus pouvoir s'appuyer sur le W3C pour pérenniser le choix
d'une technologie.
En agissant ainsi le W3C prend le risque de se discréditer.
Alan Cox, figure du monde Linux, est en droit de s'interroger
: "où en serait le web aujourd'hui si seules les grandes
compagnies avaient le droit d'utiliser des images ?".
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