INTERVIEWS 
 
Antoine Contal
Analyste et coach
HSBC
Antoine Contal (HSBC)
"XP ne facilite pas la programmation, mais permet de l'aborder l'esprit serein"
Aujourd'hui coach XP, Antoine Contal a découvert XP par hasard. TDD, binômage et tests automatisés font aujourd'hui partie de son quotidien.
17/03/2006
 
JDN Développeur. Depuis quand pratiquez-vous l'XP ? ?
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Antoine Contal J'ai commencé à appliquer certains principes XP dans mon travail en 2001. Il me fallait d'une part livrer un prototype de set-top box présentable pour une date donnée, et d'autre part y apporter des solutions innovantes au niveau technologique et IHM.

Ne voyant pas comment concilier les deux, je suis partit en quête d'une solution sur Internet. Le hasard veut que je découvre JUnit, TDD (nldr : le développement piloté par les tests) et le refactoring. Equipé de ce trio, j'ai pu laisser libre cours à la démarche exploratoire dont j'ai besoin pour innover, tout en garantissant la non régression et en pouvant remettre en cause des pans entiers de mon architecture sans douleur. J'ai appris plus tard que j'appliquais des pratiques d'un ensemble plus vaste, XP.

Quelles sont les pratiques qui ont le plus amélioré, ou au moins modifié, votre travail quotidien ?
Lorsque j'étais développeur, le développement piloté par les tests et le binômage (ndlr : pair programming) ont été les plus grandes sources d'amélioration. Avec TDD, je pouvais livrer régulièrement du code qui marche, pendant que d'autres équipes croulaient sous les fiches anomalies. Quant au binômage, il permet d'acquérir les savoir-faires des autres développeurs et de bien connaître l'ensemble de l'application. Finie la réponse "Ça, je ne sais pas, c'est X qui l'a développé dans son coin !"

Maintenant que je suis chef de projet, mon travail quotidien est surtout facilité par l'intégration continue et les tests automatisés. Tous les matins, je sais si l'application est en bonne santé d'un simple coup d'oeil sur un mur d'affichage.

Comment s'est déroulé l'adoption initiale d'XP, tant pour vous que votre équipe - ou vos dirigeants ?
Pour moi, il a fallu du temps pour acquérir le savoir-faire. Les pratiques de programmation XP ne sont pas évidentes. Durant la phase où l'on s'entraîne, la productivité baisse. A certains moments, j'étais prêt à tout abandonner pour retourner aux vieilles recettes. Un fois passé ce cap, j'ai assimilé le reste sans trop d'effort.

Avec XP, je livre régulièrement du code qui marche."
Lorsque j'ai présenté l'approche à l'équipe, les développeurs n'ont pas été enthousiastes au début. Ils étaient critiques ou incrédules. En fait, je pense qu'ils avaient peur de ne pas savoir comment faire. Ils craignaient aussi la colère des grands chefs s'ils se plantaient. Un environnement dans lequel l'erreur est tolérée aurait sans doute facilité l'adoption initiale.

Quant aux dirigeants, j'ai préféré mettre en place la méthode et obtenir des résultats probants, plutôt que d'essayer de les convaincre préalablement. Aujourd'hui, ils reconnaissent le succès de l'équipe, mais ne le comprennent pas.

Quelles ont été les évolutions les plus notables dans votre quotidien de développeur ?
L'évolution la plus notable dans mon quotidien de développeur est la fin de la peur, de l'angoisse de tout casser lors d'un changement du code.

Avant, je percevais tout changement des spécifications comme un risque, un piège dans lequel j'allais peut-être tomber sans savoir en ressortir. C'est un peu comme jouer au mikado : plus on avance, plus la structure se fragilise. Mais avec TDD, écrire une nouvelle spécification est aussi simple que d'écrire un test ! La programmation elle-même est toujours aussi difficile, mais je peux l'aborder l'esprit serein.

Quelles ont été vos plus grandes surprises ?
Un matin, certains tests ne passaient plus, alors que les programmes couverts par ces tests n'avaient pas été modifiés la veille. En enquêtant, nous avons découvert qu'une équipe avait créé un bug en modifiant une bibliothèque dont nous nous servions. Nous les avons contactés pour les prévenir. Ceux-ci étaient abasourdis que nous ayons pu détecter un bug dans leur code en moins de 24 heures après sa diffusion.

XP est comparable à un sport d'équipe."
A quoi compareriez-vous XP ?
Pour moi, XP est comparable à un sport d'équipe. J'y trouve le même mélange d'effort personnel et collectif, de saine émulation, de plaisir et de performance. Le chef de projet n'a pas un rôle de père fouettard, mais celui d'entraîneur.

XP marche mieux avec des petites équipes soudées. Voyez-vous XP entrer dans le monde des grandes entreprises ?
Il me semble que XP peut s'implanter durablement dans les grandes entreprises qui privilégient les résultats plutôt que la conformité à des règles antédiluviennes. Pour les autres, l'efficacité n'est pas un critère et il n'y a pas de raison que XP les intéresse...

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Avez-vous développé vos propres pratiques, en plus de celles prônées par XP ?
Je travaille dans un environnement où les règles à respecter sont légion. Chaque livrable, chaque check-list doit être correctement rempli, même s'ils n'ont plus beaucoup de sens une fois qu'on applique XP. Pour ne pas entrer en conflit avec l'organisation, il faut prévoir ces taches supplémentaires dans le planning.
 
Propos recueillis par Xavier Borderie, JDN Développeurs

PARCOURS
 
 
Antoine Contal, 28 ans, est chef de projet agile et scrum master certifié

2004 Analyste et coach chez HSBC
2003 Ingénieur conseil chez Accenture
2001 Développeur R&D chez Advanced Communications Co. Ltd. (Japon)